Ils
suivaient toujours les traces et découvrirent, un peu plus loin,
un cheval, attaché au tronc d'un jeune bouleau. Sans doute
celui du forban que Florens venait d'occire. Cette course-poursuite
dura encore un bon moment jusqu'à ce que les deux poursuivants
comprennent qu'ils approchaient du sommet. Les arbres étaient
beaucoup plus clairsemés, la pénombre était
moins forte, bien que la nuit ne fût plus loin. Mais au-dessus
de la lisière, une superbe lune, presque entière,
s'était déjà levée.
- Le temple ! Le temple ! Ils vont au temple,
hurla Aetius. Je m'en doutais. Ce barbare croit qu'il peut directement
régler ses comptes avec les dieux.
- Tu crois qu'il oserait ?
- Je le crois. Il faut bien qu'il se venge d'une
façon ou d'une autre. Avançons.
Ils gagnèrent le versant moins pentu
qui menait à l'enceinte sacrée. Ce
dernier bout de chemin n'était pas très long et ils parvinrent
assez rapidement en vue des temples et des colonnes de Jupiter.
Le soir commençait à tomber pour de bon. La lune
éclairait les lieux de sa lumière blafarde et allongeait
les ombres des quelques arbres plantés dans le secteur.
Là, à un stade au plus, deux chevaux attachés
à un arbre. Un peu plus haut, au pied des colonnes, une silhouette
massive, gesticulante, et aussi deux plus frêles beaucoup moins
remuantes. A mi-chemin, formant obstacle sur le passage, la masse
imposante du deuxième cerbère.
- Séparons-nous, dit Florens, je m'occupe
de celui-là.
- Ne te donne pas cette peine, son sort est
déjà réglé, ici, la puissance de Taranis
est maximale.
Aetius dégaina son épée
qu'il avait beaucoup de mal à tenir tant la vibration du
métal était forte. Un seul éclair en jaillit, dans
un fracas de tonnerre. Le barbare fut atteint en plein torse et
se recroquevilla en un petit tas de cendres fumantes. Florens
n'en croyait pas ses yeux.
- Qu'est-ce que c'est ? … C'est bien toi
Aetius qui as fait ça ?
- Je ne sais pas Florens, je ne sais pas.
Mais déjà le garçon avait
repris sa course pour atteindre l'esplanade. Au pied de la colonne
centrale, il remarqua sa mère ainsi que Flora, recroquevillées,
ligotées au cylindre de pierre. Le chef Krungle, faisait
face, barrant le chemin. De temps à autre, sans détourner
son regard du garçon, il assénait un coup violent contre
la colonne à l'aide du plat de son épée.
Le choc résonnait violemment tandis que la colonne tout
entière semblait vaciller. En même temps, un flot
de cris gutturaux sortaient de sa gorge et ses yeux, comme fous,
roulaient dans leurs orbites.
- Vous ne devriez pas faire ça, vous
ne devriez pas…. dit Aetius, menaçant.
Pour toute réponse, le barbare appliqua
la pointe d'une longue lance sur la gorge de Flora, un rire cruel
et démoniaque s'échappant de sa bouche.
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