LES FOUDRES DE TARANIS / DONON 406

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EXTRAIT 3/ "TROIS MANANTS"

   

    Il atteignit une clairière et comme toujours, selon son habitude, il  s'arrêta avant de s'y engager. Tout déplacement à découvert devait  d'abord être étudié, mesuré. Il se tapit, retint sa respiration. Le lieu  paraissait on ne peut plus calme. Il risqua un pas, puis un autre.     L'endroit était désert. Il traversa l'endroit en son centre, observant  tout de même les lieux sur la droite et sur la gauche. Le danger vint  de l'arrière.
    Un bras s'était refermé sur sa gorge, un genou s'était appliqué au  creux de son dos, l'obligeant à se mettre à genoux. Pas moyen de  lutter contre cette force qui l'avait pris par surprise. Dans le même  temps, deux hommes avaient surgi des taillis, légèrement sur la  gauche. Il s'agissait, de toute évidence, de deux gallo-romains,  habitués à sillonner les bois à la recherche de gibier ou de  personnes à détrousser. La seconde catégorie se faisant de plus en  plus rare, ils n'avaient pas hésité en voyant le garçon s'aventurer  seul. Une proie apparemment facile.
    - C'est bon, Felix, lâche-le. Ce n'est qu'un gamin, nous ne  craignons rien, dit l'un des deux arrivants, une espèce de colosse à  la tête carrée dans laquelle s'enfonçaient deux énormes yeux  globuleux.
    L'étreinte se relâcha et Aetius put s'asseoir, se frottant la nuque,  douloureuse. Il se tourna et put enfin voir son agresseur, qui n'avait  pas le faciès plus engageant que ses deux compagnons.
    - Alors mon garçon, dit ce dernier, on s'aventure seul dans la forêt  ? Quelle imprudence !
    - Je m'aventure où bon me semble et je n'ai ni ordre ni conseil à  recevoir de vous !
    - Eh les amis, dit le troisième, ce garçon m'a l'air plutôt en colère.     Peut-être qu'une bonne correction le calmerait ?
    - Oui, mais avant, nous pourrions peut-être le décharger de toutes  ces choses qui l'encombrent. Je suis sûr que nous allons découvrir  des merveilles. Mon nez me dit même que de la bonne nourriture se  trouve dans ce sac. Je me trompe ?
    - Je ne vous conseille pas d'y toucher ou même d'en avoir  seulement l'intention. Vous pourriez le regretter ! reprit Aetius.
    Les trois manants s'esclaffèrent, amusés par ce jeune garçon qui  leur tenait tête. Il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient ri d'aussi bon  cœur.
    D'un bond, Aetius s'était dressé, se servant de ses jambes comme  deux ressorts. Il effectua une sorte de saut périlleux, ce qui lui permit  de se retrouver à quelques pas de ses agresseurs, face à eux, une  flèche encochée à son arc. Ceux-ci n'avaient pas eu le temps de  réagir.
    - Le premier qui bouge peut dire adieu à la marche à pied. Cette  pointe de flèche est assez solide pour vous briser le genou. Et si ce  n'est pas suffisant, je puis aussi m'occuper de vos épaules.
    - Des blagues, des blagues, tout cela, garçon. Tu n'auras pas le  courage.
    - Détrompez-vous.
    - Et quand bien même, tu n'aurais pas le temps d'encocher une  nouvelle flèche que nous serions sur toi.
    - Vous voulez essayer ?
 Les trois manants hésitaient. Le risque existait. L'un d'entre eux  aurait la rotule détruite et si l'enfant pouvait réarmer rapidement son  arc, il pouvait encore abattre l'un d'entre eux. Finalement, leur  problème était de savoir qui serait le rescapé, chacun espérant que  les autres se feraient toucher.
    - Très bien, je vois que vous hésitez. Asseyez-vous, j'ai une  proposition à vous faire.
    Après un instant de réflexion, les trois hommes obéirent. Après  tout, ils pouvaient ainsi gagner du temps.
    - Ecoutez-moi bien maintenant. Ce que je vais vous dire n'est pas  une invention, une histoire fabriquée ou un mensonge. Elle est la  vérité, elle est la réalité de ce qui est, de ce qui se passe dans ces  lieux en cet instant. Je vais vous dire aussi ce que l'avenir peut nous  réserver et ce que nous pouvons faire ou devons faire pour que les  jours à venir soient meilleurs. Si vous acceptez vous serez  récompensés de telle manière que vous n'aurez plus besoin de  traîner dans les forêts à la recherche de victimes innocentes. Si vous  refusiez, je devrais vous abattre car vous seriez un obstacle à la  réussite de ma mission.
    Les trois hommes n'en croyaient pas leurs oreilles. Mais ils furent  impressionnés par le ton et la conviction que le garçon mettait dans  ses propos. Il émanait de ce jeune homme une force spirituelle dont  ils ne pouvaient définir l'origine mais lorsque Aetius commença son  récit, ils furent tout ouïe et burent ses paroles jusqu'à la dernière.



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