LES FOUDRES DE TARANIS / DONON 406

 accueil -- présentation et historique -- le roman et les personnages -- extraits --  -- photos --
EXTRAIT 2 / "ULTIMATUM"

   

    Il était grand, pas loin de six pieds, large d'épaules et bombait un  torse impressionnant. Sa tête carrée où brillaient deux petits yeux  noirs, était surmontée d'un chapeau de fourrure épaisse. Sa bouche,  lippue, découvrait des dents jaunâtres ou noircies. Il s'arrêta à  quelques pas du centurion.
    - Commencez Mandos, ne perdons pas de temps.
 L'interprète commença son questionnement, s'y reprenant à  plusieurs fois, utilisant des mots différents, apparentés à la langue  des Francs saliens mais déformés volontairement. Le visage du  Rhénan, tout d'abord hermétique, sembla s'illuminer et il répondit par  quelques mots incompréhensibles pour les spectateurs.
    - Alors Mandos ? Qu'est-ce qu'il raconte ?
    - Que Krungle, son chef puissant et vénéré l'envoie.
    - Mais encore ?
 S'ensuivit un nouvel échange de termes qui comparés à la langue  latine, mélangeaient savamment le phonétiquement désagréable et  la sonorité gutturale.
    - Son chef demande la reddition du camp.
    Le centurion faillit s'étrangler tandis que dans un mouvement  réflexe sa main s'était posée sur le manche du poignard qu'il avait à  la ceinture. Il se remit, reprit sa respiration.
    - Continuez Mandos.
    - Il dit qu'ils détiennent quinze de nos soldats, vivants, ainsi qu'une  trentaine de villageois. Qu'ils les rendront en échange de ce camp et  du jeune garçon qui a blessé son chef. Ce sont les conditions sur  lesquelles ils ne transigeront pas.
    - C'est pas croyable ! Aetius a blessé le chef. Nous voilà bien  maintenant.
    - Il dit encore que nous devrons quitter les lieux, nous retirer à au  moins vingt milles* d'ici. Ils ont besoin d'occuper cette place car ils  sont eux-mêmes pourchassés par d'autres tribus qui arrivent de l'est.
    - Dites à ce barbare que nous allons réfléchir, qu'il nous laisse  jusqu'à la prochaine lune. Il nous faut gagner du temps - ça il ne faut  pas le lui dire.
    Mandos transmit le message du centurion. Le visiteur eut l'air de  s'en contenter car il afficha un grand sourire et énonça encore  quelques phrases.
    - Il dit aussi que s'il ne revient pas demain c'est que son chef  vénéré et puissant accepte la proposition.
    Le guerrier tourna les talons tandis que le garde romain, quittant les  deux autres cavaliers, rejoignait le camp.
    - Qu'est-ce que vous pensez de ça, Mandros, demanda le  centurion.
    - Qu'ils ont un avantage certain. Un coup de force ne servirait à  rien, d'ailleurs nous ne savons même pas où ils se cachent. Un refus  catégorique mettrait les otages en danger.
    - Gardes ! Faites chercher les prêtres ! hurla le centurion.
    La nouvelle avait vite gagné le vicus. La consternation qui s'en  suivit toucha tout le monde. Aetius se voyait très ennuyé. D'un côté, il  était prêt à se rendre si cela pouvait libérer ses amis mais il ne  voulait pas céder au chantage. Et puis, les Rhénans tiendraient-ils  leur parole ? Qu'adviendrait-il vraiment des soldats romains une fois  qu'ils ne seraient plus protégés par leur camp ? Les villageois  auraient-ils réellement la vie sauve ? Les barbares, en s'emparant  des lieux n'allaient-ils pas détruire les temples et souiller la Montagne  Sacrée ? Personne au vicus ne cherchait à l'influencer et les  habitants lui avaient fait comprendre qu'ils respecteraient sa  décision, quelle qu'elle soit.


   <-----  retour extraits              chapitre 7/ pages 63 à 65                  suite extraits ----->

accueil -- présentation et historique -- le roman et les personnages -- extraits -- -- photos --