LES FOUDRES DE TARANIS / DONON 406

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EXTRAIT 1 // "FACHEUSE RENCONTRE"

   

   Son regard fouillait la ligne sombre des sapins, un peu sur la gauche,  un stade* plus loin. D'après le bruit maintenant plus fort, l'animal devait  être de taille.
   " Très gros, vraiment très gros ", se dit-il en même temps que sa  propre réflexion fit naître en lui en sentiment d'inquiétude. Cela  déclencha chez lui un réflexe immédiat de prudence et il se jeta à plat  ventre dans le tapis épais de feuilles rousses, au creux d'un talus qui  jouxtait de grand chênes centenaires. Bien lui en prit, car son gibier  apparut à la lisière des sapins: deux cavaliers montés sur de lourds  chevaux courts sur pattes. Deux cavaliers qu'Aetius n'eut aucune  peine à identifier, deux pillards de cette horde de Francs Rhénans*  qui écumaient la région depuis quelque temps. Deux pillards qui se  livraient certainement à la même activité que lui mais qu'il valait mieux  éviter. Ce qui étonna Aetius, c'est que ces deux pillards se soient  aventurés aussi près du campement.
    Les deux cavaliers étaient vêtus d'amples tuniques de toile épaisse  qui leur couvraient les genoux. Ils portaient de grosses bottes  fourrées, tout comme les chapeaux vaguement pointus qu'ils avaient  sur le sommet de leurs visages patibulaires. Une longue épée était  glissée dans leur ceinture de cuir. Ils s'arrêtèrent, leurs chevaux  humant soudainement l'air autour d'eux. Les pillards ne s'y trompaient  pas. Ces chevaux, peu esthétiques ni rapides, étaient robustes et  dotés d'une sorte de flair comparable à celui des plus fins limiers.  Ceci faisait d'eux d'excellents chevaux à pister un animal. Aetius se  recroquevilla un peu plus dans son tapis de feuilles.
    Les minutes qui suivirent lui parurent interminables, le silence pesant  comme une chape de plomb sur les alentours. Le temps était comme  arrêté et Aetius sentait son sang battre dans ses artères. Les deux  hommes échangeaient des propos dans une langue qu'il ne  comprenait pas.
    Enfin, sur un signe de celui qui se trouvait devant, ils poussèrent un  cri aigu et reprirent leur avancée dans le sous-bois, pour disparaître à  l'opposé des grands chênes. Aetius aspira une grande goulée d'air  frais qui lui permit de retrouver un peu de calme. Pendant quelques  instants il avait réellement craint d'être découvert.
    Il décida qu'il valait mieux cesser sa partie de chasse pour  aujourd'hui et regagner des lieux plus sûrs. D'ailleurs, il rendrait  compte aux gardes du campement de la présence de pillards à peu  de distance en réalité. Cela valait la peine d'être examiné et peut-être  des mesures supplémentaires de protection seraient-elles mises en  place. S'étant assuré discrètement que les deux cavaliers avaient bien  disparu, il sortit de sa cachette et regagna rapidement le semblant de  sentier qui le ramènerait chez lui. Il marchait d'un pas rapide, bien  décidé à mettre le plus de distance entre ces hommes et lui.
    Il remonta la longue pente des feuillus, traversa par deux fois le  ruisseau de Bellus qui faisait ici quelques méandres entre les pierres  de grès et les mousses aquatiques. Il avançait l'esprit plus serein,  lorsqu'un nouveau bruit, montant rapidement en intensité se fit  entendre. Cette fois, il n'eut pas le temps d'en chercher l'origine: il  l'avait devant lui, à quelques pas* seulement. Un cavalier, semblable à  ceux entr'aperçus tantôt, se tenait là, dans le creux d'une ravine, juché  sur son cheval bas. Il tenait son épée dressée et un mauvais sourire,  presque un rictus, tordait son visage. Ses petits yeux noirs brillaient  d'une lueur mauvaise.

                                                        chapitre 2 / pages 13 à 16                suite extraits ---->

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